« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

« Des jeunes filles »

« Un matin, l’envie me prenant de faire une promenade, je mis le chapeau sur la tête et, en courant, quittai le cabinet de travail ou de fantasmagorie pour dévaler l’escalier et me précipiter dans la rue. Dans l’escalier, je fus croisé par une femme qui avait l’air d’une Espagnole, d’une Péruvienne ou d’une créole, et qui affichait quelque majesté pâle et fanée. »

Léa ne se lasse pas de lire La promenade de Robert Walser.
Maurice ne se lasse pas d’entendre Léa le lire.
La promenade de Robert Walser les lient.
Léa lisait La promenade de Robert Walser quand elle rencontra Maurice.
La promenade de Robert Walser est leur bréviaire, en quelque sorte, même quand ils se promènent le dimanche dans les jardineries aux confins de la ville.
Cette Espagnole, ou cette Péruvienne, ou cette créole, évoque Fermina Marquez dans l’esprit de Léa, qu’elle avait lu à l’âge de Fermina Marquez. Sara lui mit dans les mains un vieux livre de poche, et dit :
« Le reflet de la porte vitrée du parloir passa brusquement sur le sable de la cour, à nos pieds. Santos leva la tête, et dit :
“Des jeunes filles.” »