« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Les dimanches sont comptés

Maurice et Léa ont encore quelques dimanches devant eux.
Certes Léa s’est déclarée volontaire pour travailler le dimanche chez Mill’s 99 mais elle a aussi demandé un plein temps chez Pridami, au risque que Lucinda prennent le pas sur Léa.
Maurice (voir image) a dépassé son élan primitif, quelque peu velléitaire, dans sa recherche de travail. Il a bossé çà ou là — comme Léa Maurice dit « bosser » pour « travailler » — où la pérennité de l’emploi ne dépend jamais ni de sa compétence ni de son bon vouloir. Distribuer des prospectus est ce qu’il retient avant tout, et de loin ; mais là aussi, le souvenir a tendance à fausser la réalité en privilégiant ce que Maurice a raconté, quoique évasivement, à Léa, en l'occurrence les quelques moments de flânerie pris sur la bête.
Les sept étages du 97 boulevard de la Fraternité lui furent un supplice malgré quelques satisfactions : avoir bouclé sa journée sans s’être trop départi de son intégrité ; rentrer après que Léa en eut elle-même fini de la sienne — et qu’elle fut douchée de frais ; et, pourquoi pas, alors qu’elle lit sans attendre samedi.

— « Les faits ordinaires sont alignés dans le temps, enfilés sur son cours comme des perles. Ils ont leurs antécédents et leurs conséquences, qui se poussent en foule, se talonnent sans cesse et sans intervalle.
Mais que faire des événements qui n’ont leur place définie dans le temps, des événements arrivés trop tard, au moment où le temps avait déjà été attribué, partagé, pris, et qui restent sur le carreau, non rangés, suspendus en l’air, sans abri, égarés ? »

Les quelques promenades qui suivirent furent sujettes à un fâcheux tropisme. Maurice n’y eut d’yeux que pour les boîtes aux lettres qu’il repérait où qu’elles fussent, n’en déplût aux chiens méchants.
Maurice et Léa ont encore quelques dimanches devant eux.
Certes Léa s’est déclarée volontaire pour travailler le dimanche chez Mill’s 99 mais elle a aussi demandé un plein temps chez Pridami, au risque que Lucinda prennent le pas sur Léa.
Maurice (voir image) a dépassé son élan primitif, quelque peu velléitaire, dans sa recherche de travail. Il a bossé çà ou là — comme Léa Maurice dit « bosser » pour « travailler » — où la pérennité de l’emploi ne dépend jamais ni de sa compétence ni de son bon vouloir. Distribuer des prospectus est ce qu’il retient avant tout, et de loin ; mais là aussi, le souvenir a tendance à fausser la réalité en privilégiant ce que Maurice a raconté, quoique évasivement, à Léa, en l'occurrence les quelques moments de flânerie pris sur la bête.
Les sept étages du 97 boulevard de la Fraternité lui furent un supplice malgré quelques satisfactions : avoir bouclé sa journée sans s’être trop départi de son intégrité ; rentrer après que Léa en eut elle-même fini de la sienne — et qu’elle fut douchée de frais ; et, pourquoi pas, alors qu’elle lit sans attendre samedi.

— « Les faits ordinaires sont alignés dans le temps, enfilés sur son cours comme des perles. Ils ont leurs antécédents et leurs conséquences, qui se poussent en foule, se talonnent sans cesse et sans intervalle.
Mais que faire des événements qui n’ont leur place définie dans le temps, des événements arrivés trop tard, au moment où le temps avait déjà été attribué, partagé, pris, et qui restent sur le carreau, non rangés, suspendus en l’air, sans abri, égarés ? »

Les quelques promenades qui suivirent furent sujettes à un fâcheux tropisme. Maurice n’y eut d’yeux que pour les boîtes aux lettres qu’il repérait où qu’elles fussent, n’en déplût aux chiens méchants.