« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Les aventures d’Ersatz, Kitsch & Artefact au pays des fleurs

Maurice et Léa sont de retour dans leur jardinerie dominicale, grisés du même bonheur que lors de retrouvailles avec la mer, la montagne ou la vue sur Ivrea débarrassée de son artefact gravé dans les mémoires, à commencer par celle de Stendhal.
Combien de dimanches depuis leur dernière visite ? Maurice est étourdi par les parfums, Léa par les couleurs. Cet ersatz de nature n’a rien perdu de ses sortilèges. Comme naguère, la dimension kitsch ne les regarde pas. Plus encore que la virtualité de ces prémices, les intéresse, Maurice surtout, la richesse de ce catalogue pour de vrai.
Léa revint vers Robert Walser, se proposant de le confronter à ces paysages en toc. Il répondit du tac au tac.
— « Alerte comme il convient à un valeureux marcheur et piéton, j’avançais avec entrain, sans trop me soucier de certains détails qui surgissaient chacun à sa manière, tantôt discrètement, tantôt abruptement, mais je m’attachais sans cesse, avec une confiance familière, au spectacle réconfortant du grand tout circulaire qui, figuré ici et là, fluctuait, scintillait loin à la ronde. Qui se déplace dans le vaste monde ne doit prendre en considération que ce qui est vaste, et ne diriger ses pensées et ses regards que vers ce qui est grand, libérateur, émouvant. Ce qui est petit, menu, doit traverser comme d’un léger coup d’aile le regard qui embrasse le bienveillant tout, bien que chaque apparence, chaque fétu méritent notre attention, en tant que tels. »