« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

87 bis

De tous temps, depuis ses quatre ans en tout cas, Alain ne s’est jamais rappelé l’anniversaire de Maurice. Il se contentait de profiter goulûment de son gâteau, de lui souffler les bougies sous le nez, et de lui casser ses cadeaux.
Ne répondant à aucune invitation sinon celle, permanente, que Léa lui répète, Alain est venu, avec dans les bras, encombrant, un grand rouleau en carton robuste qu’il rapporte de son voyage en Allemagne, dit-il avec un « eh oui seulement » dans le ton, duquel il extirpe un autre rouleau qui lui se déroule en colimaçon — à la grande joie de Ristourne. Maurice et Léa sont surpris. (Au fait, ce n’est pas l’anniversaire de Maurice aujourd’hui.)
— C’est un peu comme chez vous, non ?


Alain ne sait plus où ranger les remerciements. Il n’est pas équipé pour.
Léa propose un mur pour l’accrocher. Alain refuse. Il regarde le mur. On se souvient avec lui de Joséphine, qui était là.
Non, aucun autre mur n’est assez grand.
Alain remporte son rouleau. Il se souvient soudain que ce n’est pas l’anniversaire de Maurice aujourd’hui. Il s’en excuse.
— Au temps pour moi.