« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

La chronologie en crise

— « Voici le second paragraphe, copié de la vie de Tristram Shandy, à moins que l’entretien de Jacques le Fataliste et de son maître ne soit antérieur à cet ouvrage, et que le ministre Sterne ne soit un plagiaire, ce que je ne crois pas, mais par une estime toute particulière de M. Sterne, que je distingue de la plupart des littérateurs de sa nation, dont l’usage assez fréquent est de nous voler et de nous dire des injures. »
— Qui précède qui ? Qui copie qui ? Je ne m’y retrouve pas Léa.
— Moi pas trop non plus, ça fait deux fois que je laisse en cours Jacques et son maître, je l’oublie et il resurgit, comme s’il échappait au temps présent.
— C’est comme si j’allais te rencontrer un prochain jour.
— Ça devait bien arriver puisque nous sommes ensemble aujourd’hui.
— Oui, bien sûr, je me souviens de demain sans être sûr que je ne travestis pas, un peu comme la gravure Prospetto d’Ivrea qui se substitue au souvenir authentique…
— C’était écrit là-haut, Maurice.
— Peut-être pas encore