« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Un prétexte post mortem

— « Il vient de loin, ce spectacle moderne que nous offrent tous ces paralysés devant la dimension d’absolu de toute création. Mais les agraphiques, paradoxalement, font aussi partie de la littérature. Comme l’écrit Marcel Bénabou dans Pourquoi je n’ai écrit aucun de mes livres : “Les livres que je n’ai pas écrits, n’allez surtout pas croire, lecteur, qu’ils soient du pur néant. Bien au contraire (que cela une bonne fois soit dit) ils sont comme en suspension dans la littérature universelle.” »
Il faudra bien inviter cet homme à l’inauguration de la Bibliothèque des livres qui n’ont pas encore été écrits en espérant qu’il n’exige pas qu’elle porte son nom post mortem sous prétexte qu’il y offrirait un fonds exceptionnel, pour ne pas dire inédit. Ou bien on le lui refuserait, en jouant sur les mots, sous prétexte qu’il n’entrerait pas dans le cadre strict des « acquisitions » possibles, arguant du « pas encore été écrits ».