« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Quelques anecdotes en passant pour affiner le portrait de Maucice

Maurice n’est pas toujours un type triste. S’il ne rit guère, il lui arrive de faire rire.
Si vous croisez un adulte marchant à cloche-pied dans une rue semi-piétonne, vous pouvez vous présenter ainsi devant lui :
« C’est bien vous Maurice, le Maurice de Maurice & Léa (avec une éperluette) herody.blogspot.com ? Ravi de vous connaître en chair et en os. » (Vous avez toute latitude de l’exprimer selon votre style.)
Faites attention cependant. Si vous êtes trop brusque, en riant trop fort par exemple, vous risquez de le tuer, comme le somnambule tombant du toit au premier miaulement d’un chat.


Le dimanche, Maurice et Léa vont flâner dans les jardineries situées à chaque terminus de tramway. Faute d’avoir le loisir de se promener dans la vraie campagne comme ce cher Walser, ils en oublient l’artifice pour ne retenir que les aspects plastiques et encyclopédiques. Dimanche dernier, une semaine après la visite d’Alain (une bande dessinée a relaté cette histoire, on s’en souvient), dans une allée bordée de pivoines et de pensées en tous genres, une des jardinières du lieu téléphonait tout en poussant un chariot.
Maurice entendit ceci :
— J’ai besoin de penser.
— (inaudible)
— Les plus claires.
Le dimanche suivant, loin des yeux de Léa qui s’écartait avec tact toutes les fois où Maurice affichait une attitude burlesque — elle détaillait le tronc d’un cognassier — Maurice offrit à cette jardinière les Pensées de Pascal. Les aura-t-elle trouvées claires ?
Entre-temps il avait ajouté cette scène à son scénario sur Richard Cœur de Lion qui, selon l’impression de Léa qui n’en sait pas grand-chose tant Maurice reste secret, doit être un sacré bazar, une accumulation de choses vues interprétée à sa sauce.


Le logis de Maurice est Léa est situé sous les combles. Maurice, voyant Léa lire dans son fauteuil un plaid sur les genoux, et Ristourne sur le plaid, se dit un jour qu’il manquait quelque chose au tableau. En rentrant du travail un vendredi soir, Léa se trouva en présence d’un agencement de cylindres, un gros horizontal et de fins verticaux, qui se révélèrent être un poêle. Un poêle à bois. Quand Léa l’interrogea sur le bois, Maurice lui répondit que ça s’arrangera facilement. Heureusement, ce premier hiver fut doux.