« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Pierre et Maurice

— « Parvenue à la porte fortifiée qui s’ouvrait dans l’enceinte de la cité, j’avisai un groupe d’hommes armés de bâtons et m’approchai d’eux, quand je m’aperçus qu’il s’agissait là d’êtres humains changés en pierre sous l’effet d’une mystérieuse malédiction ! Poussant mon exploration plus avant dans la ville, les seuls habitants que j’y pus découvrir, tant dans les boutiques que dans la rue, n’étaient que des statues. Nulle âme en vue ; aucune bouche capable de souffler dur un feu pour en aviver la flamme… J’avais beau tourner, je n’apercevais rien de vivant. Toute la population se trouvait métamorphosée en pierre, parfaitement incapable d’entendre aucun cri, aucun appel. »

Maurice écoute en souriant. Un prodige. Léa ignorait que Maurice sût sourire. Maurice aussi, quand il souriait, il le gardait pour lui, quand bien même souriait-il béat devant la beauté de Léa.
Léa croit avoir délivré Maurice du sortilège. Jamais plus Maurice ne sera pierre — mais que savons-nous des temps futurs ?