« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

À l’oreille du passé

« Nous ne savons rien du passé lointain, parce que nous n’y étions pas ; nous ne savons rien du présent, parce que nous y sommes. Seul le souvenir du passé que nous avons nous-mêmes vécu peut nous permettre d’acquérir après coup une once de savoir — et d’un savoir très peu sûr. »
Maurice entend la craie rebondir sur le tableau, toquant-claquant. Il l’entend comme celle du tableau à l’école. C’est pourtant bien aujourd’hui que Léa écrit quelque chose sur le tableau des courses, quelque chose de plus continu que d’habitude, sans aller à la ligne à chaque seconde. En prêtant l’oreille, il saurait décrypter le message, comme il s’y essayait en classe avec un certaine succès (non, Maurice ne dormait pas, il écoutait le tableau et l’imprimait dans sa tête).
Quand Maurice s’avisa d’y aller voir, le tableau était effacé d’un grand coup d’éponge.