« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Les détails du grand chêne

Nous avons déjà vu que de son voyage à Amsterdam, Maurice ne garde à l’esprit que la porte ceinte d’un blanc indicible de La Ruelle de Vermeer, alors que, sur place, il s’était perdu en conjectures devant une autre porte — au risque d’en perdre la raison. Certes. Elle l’avait surtout intrigué, amusé, avant qu’il passe son chemin en imaginant Descartes au volant d’une ds 21 noire.


Plus tard, il s’égara à établir la nomenclature exhaustive des produits généreusement présentés par la maison Eichholtz, par défi, en suivant la méthode d’enregistrement des feuilles d’un arbre qu’il reçut de son grand-père Emmanuel (qui concédait que c’était tout de même plus facile en hiver). Or, non seulement il oublia ces détails par million, comme parvenu à B, A est déjà oublié, mais il ne resta rien de cet épisode jusqu’à maintenant où Maurice retrouve ce nom (à un « t » près) dans un dictionnaire français-allemand (= du chêne). La porte ceinte d’un blanc indicible de La Ruelle de Vermeer avait tout effacé, ce blanc qui s’oppose à toute idée de détail. Mais à son tour, un blanc misérable le recouvra, et Maurice est impuissant à se rappeler l’essence de ce blanc irréductible à toute reconstitution profane, si ce n’est à toute représentation.