« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

L’allemand première langue

Léa a fait allemand première langue. Son père aurait préféré l’anglais, plus contre l’allemand que pour l’anglais. Sa mère a insisté en disant : « Justement. » Léa faisait le minimum, plus contre le professeur que contre l’allemand. Maintenant, elle regrette de ne pas lire tous ces auteurs de langue allemande en allemand pour traduire elle-même les passages qu’elle lit à haute voix à Maurice — qui a fait un peu d’espagnol avant de se consacrer plus tard à la langue d’oc limousine.
— « Man tut gut, gewisse Dinge, die sich nicht mehr ändern werden, einfach festzustellen, ohne die Tatsachen zu belauern oder auf nur zu beurteilen. So ist mir klar geworden, daß ich nie ein richtiger Leser war. In der Kindheit kam mir das Lesen vor wie ein Beruf, den man auf sich nehmen würde, später einmal, wenn alle die Berufe kamen, einer nach dem andern.* »


* L’on fait bien de constater simplement certaines choses qui ne peuvent pas changer, sans déplorer les faits, ou même les juger. C’est ainsi qu’il m’est apparu clairement que je ne serais jamais un véritable liseur. Lorsque j’étais enfant, je considérais la lecture comme une profession qu’il faudrait assumer, plus tard, un jour, lorsque viendrait le tour des professions.
(traduction de Maurice Betz)