« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Bibliobus improvisé

Du côté de la bibliothèque des livres qui n’ont pas encore été écrits, où Sara a déjà entraîné Maurice et Léa un dimanche alors pas encore écrit, outre la multitude de promenades possibles, que celles-ci aient été déjà déflorées ou non, au-delà d’en perdre ses bottes, au-delà d’un choix cornélien — ou proustien — entre un chemin et un autre, se trouve un autobus déchu qui, bien qu’il fasse son âge, porte beau et s’affiche fièrement sur ses quatre parpaings (au regard de Sara) ; son ennui est le même que celui d’un bateau à sec, sans espoir cependant du retour de la marée (Léa) ; sa mélancolie serre le cœur (Maurice).
Des livres jonchent le plancher : des trucs rigolos (Sara) ; pas grand-chose de valable (Maurice) ; — « Dans le chapitre premier, je veux dire dans le vrai chapitre premier, celui qui compte, je raconte le magistral renouveau de Paul pour sa femme. Dans la réalité, ça ne s’est pas tout à fait passé comme ça. C’est maintenant que je l’ai, ce regain d’amour, depuis qu’elle est partie, mais auparavant, je n’éprouvais rien de spécial dans cet ordre d’idée. J’étais content qu’on ait cessé de se chamailler, c’est tout. » (Léa)
— J’avais raison, des trucs rigolo (Sara).
— Non, pas grand-chose de valable (Maurice).