« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Amours alphabétiques

— Nous en étions restés à Walter… Et nous voilà à Amadeo… Tu ne crois pas Maurice que Sara choisit ses amoureux… disons ses conquêtes, comme la météo nomment les ouragans ?… On aurait alors raté Xavier, Yves et Zinedine… En l'occurrence, l’ouragan c’est plutôt Sara… En tout cas, c’était Amadeo, et pas Alain…
Maurice ne dit rien.
— Je connais bien Sara, elle n’a que faire d’une voiture rouge, belle et rapide.

Maurice dort. Se serait-il rappelé un rendez-vous urgent à Florence, à Amsterdam…
— « Ta lettre de lundi matin. Depuis lundi matin, ou mieux lundi midi, depuis le moment où le bienfait du voyage (indépendamment de tout, tout voyage par lui-même est déjà un rétablissement, une façon d’être pris au collet et secoué comme un prunier), depuis que le bienfait du voyage s’est légèrement dissipé, depuis ce moment je ne cesse de te chanter la même chanson ; constamment différente et toujours identique, riche comme un sommeil sans rêves, monotone et lassante, au point qu’elle m’endort parfois moi-même ; réjouis-toi de n’avoir pas à l’entendre, réjouis-toi d’être à l’abri de mes lettres pour si longtemps. »
Ou à Prague ?