« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Une tâche de bûcheron

Maurice croit reconnaître monsieur H. C’est en effet monsieur H., mais un monsieur H. qui se retrouve aussi à trimballer des troncs d’arbre sur ses épaules par un froid polaire après les avoir sciés, élagués, émondés. Maurice goûte une douce vengeance, et se réveille.
Léa dort aussi, épuisée par sa journée, son livre, à l’abandon sur la poitrine, dont les pages semblent l’appeler car les mots, tout agités, ne se résolvent pas à s’endormir à leur tour.
« L’hiver, c’est le royaume des étendues blanches, des chatoiements opales, un Niagara de neige avec des aurores ambre, azur ou roses pareilles à des ciels d’Italie tels qu’on les voient sur des aquarelles. La profondeur de la forêt est impassible, sans un souffle de vent, les flammes montent vers le ciel, la nature est d’une pureté virginale, tant qu’il n’y a pas de gens. Les hommes et leur œuvre sont si monstrueusement hideux, si absurdement effrayants que l’on se croit dans un cauchemar. Qui a inventé cette torture, qui a eu besoin d’esclaves, de soldats d’escorte, de cachots, de saleté, de faim et de torture ? »