« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Un oubli immatériel

— Il me semble qu’Alain a oublié quelque chose l’autre jour.
— Ah ! C’est pas son genre.
Maurice cherche dans tous les coins. Si Maurice est comique, il n’est pas drôle.
— Ni son chapeau, ni son parapluie. Quelque chose d’immatériel.
Maurice cherche quelque chose d’immatériel dans tous les coins.
— Il a oublié de nous poser une question.
— Ah ! C’est pas son genre (sous-entendu de poser des questions).
Ristourne ne cafte pas, c’est pas son genre.
Joséphine s’est-elle fait oublier ? Depuis qu’elle hante l’esprit d’Alain ? Son absence, un mur vide, alerterait Maurice et Léa. Si elle était partie avec Alain.
Léa n’a pas oublié Joséphine. Elle n’a rien d’évanescente.
Joséphine prend une place démesurée dans leur espace.
Si Alain revient, elle se propose de la lui offrir.

Joséphine pour Alain n’est pas une image, elle est Joséphine. Ainsi ne subit-elle pas le syndrome du Prospetto d’Ivrea, rappelé par W. G. Sebald, mais davantage provoque-t-elle celui de Stendhal.