« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Pensées en poche

Si l’on excepte quelques pensées, un sombre dimanche, qu’ils dispersèrent en cours de chemin, Maurice et Léa repartent toujours de la jardinerie les mains vides — on se promène joliment mieux les mains vides (excluons de cette assertion le bâton de pèlerin pour ne pas engager de polémique). Les mains ont des usages plus savants, surtout le dimanche.
Ce dimanche-ci, Léa s’en retourne avec un livre qu’elle glissa dans la poche de Maurice. Les jardineries développent un rayon librairie qui s’adresse à une population qui ne pratique pas les librairies, sans que ce soit réciproque.
— Tu te souviens de Boudu, quand un client lui réclame Les Fleurs du mal, il répond, bourru, narquois et désinvolte, qu’il n’est pas fleuriste mais libraire.
— Et Michel Simon de braire en traînant sur la dernière syllabe.

Cette fois-ci, Maurice et Léa ne rapportèrent pas d’avantage de washingtonias.