« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Les Bouquins de la Girafe

Chaque premier dimanche du mois, les bouquinistes occupent la place de la Girafe qui se voit gagner là une nouvelle étiquette, littéraire à souhait (entendez Les Bouquins de la Girafe), quand bien même la littérature, la vraie, y figure comme les cheveux sur la tête d’un chauve (selon une image dûment littéraire à défaut d’être de la vraie littérature). C’est là par exemple, et seulement là, que monsieur Roups, soucieux de s’impliquer dans la vie de quartier, y complète sa collection de livres comprenant « hôtel » dans le titre (le mois dernier il y dénicha Grand Hôtel de Vicky Baum).
Alain y a fait allusion lors de sa dernière visite à Joséphine — davantage qu’à son frère Maurice et sa belle-sœur Léa, quoiqu’il donna le change sur ce point, peut-être même, maintenant que nous le connaissons mieux, peut-on lui faire crédit de sa sincérité. Léa y a entraîné Maurice en arguant que ça les changera des jardineries pour une fois et puis, ajouta-t-elle, est-ce fondamentalement différent ?
Maurice n’engagea pas le débat qui aurait pu amener une controverse.

— « Le lecteur satisfait sa curiosité en suivant les aventures d’un héros qui a sa faveur ; dont il épouse la cause ; dont il partage les revers ; dont il déteste les persécuteurs. Ses passions s’excitent ; le contraste entre la vertu accablée et le vice triomphant lui apparaît plus insupportable et, chaque impression pesant d’un double poids sur son imagination, sa mémoire retiendra les scènes lues, son âme, les exemples proposés. Son attention n’est point lassée par une sèche énumération des personnages mais, au contraire, la variété des inventions l’amuse, cependant que les mouvements divers de la vie lui apparaissent dans leur conjoncture particulière, ouvrant un ample champ au caprice de sa réflexion. »
Alain brandissait Roderick Random avec le sentiment que le chemin vers Joséphine s’était soudain dégagé.