« Une ligne entraîne l’autre, toujours… je dessine quelque chose qui me donne subitement l’idée de dessiner quelque chose d’autre qui me donne aussitôt l’envie de dessiner, etc. Voyez-vous, je dessine, puis je réfléchis. Pour moi, c’est une activité littéraire, morale. »
Saul Steinberg

11.3.11

Jusqu’à la fin


L’autre, le second livre sauvé, Léa ne lut pas jusqu’à la fin.
« Le vestibule s’emplit de volumes et de volumes. Il a recours à l’échelle. Bientôt, il a atteint le plafond. Il retourne dans sa chambre. Des rayons béants le regardent. Devant le bureau de grandes flammes s’élèvent du tapis. Il va dans la pièce d’à côté de la cuisine et en sort tous les vieux journaux. Il les prend feuille par feuille, les froisse, les roule en boule et les jette dans tous les coins. Il installe l’échelle au milieu de la pièce, là où elle se trouvait auparavant. Il grimpe sur le sixième échelon, surveille le feu et attend. Quand les flammes l’atteignent enfin, il rit à pleine voix, comme il n’avait jamais ri de sa vie. »
Maurice n’aurait jamais voulu de cette fin, d’autant moins que finir n’est pas dans son projet de livre conçu comme l’emblème de la bibliothèque des livres qui n’ont pas encore été écrits, c’est-à-dire, pour beaucoup d’entre eux, qui n’ont pas encore été fini d’écrire, et in fine, qui n’ont jamais été fini d’écrire.